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4 octobre 2009 7 04 /10 /octobre /2009 18:08

Un soir de ces derniers jours, à moins que ça ne soit l’après-midi, je discutais via msn avec ma copine Pume. Nous parlions de l’association où nous sommes toutes les deux et des filleules que nous suivons.


Je ne sais pas comment nous en sommes arrivées là, nous avons parlé du besoin de reconnaissance. Souvent, avec les filles, il nous reste un sentiment de frustration, de les voir replonger, ne pas évoluer et parfois de partir sans un regard.


C’est vrai que des fois, l’absence de remerciement est douloureux, on se donne énormément, parfois des journées, des nuits entières à écouter, à essayer de consoler et en retour : rien.


Dans son boulot, Pume ne connait pas ce problème, parce que si en retour il n’y a aucun remerciement il y a au moins le paiement des séances.


De mon côté, si ça m’a beaucoup chagriné avec ma première filleule, partie du jour au lendemain, aujourd’hui je n’attends plus rien, ça ne me pèse plus.


Mais je ne dirais pas que je donne sans rien attendre, mes attentes se sont déplacées. Pourtant il parait que j’attends trop des autres…


Et donner sans rien attendre en retour, qui fait ça ? Personne, j’en suis sûre, on attend au moins de se satisfaire soi-même, de se faire plaisir, quand ce n’est pas plus : de la reconnaissance, des remerciements… Les saints sur terre, je n’y crois pas, pas plus qu’ailleurs. Quand j’aide quelqu’un, je n’attends pas qu’il me dise merci, je n’attends pas qu’il me donne mais c’est moi que j’aide, en me disant que je me rends utile. Et parfois, ce qui me rend malade, je n’ai pas ce sentiment d’avoir servi à quelque chose, là, c’est comme si je n’avais rien fait et tout me semble vain.


On ne dirait peut être pas, mais quand je vais bosser, même à reculons, à partir du moment où je retrouve la salle de formation, j’oublie le reste. Je rentre lessivée chez moi, pas parce qu’ils m’ont bouffé mon énergie mais parce que j’ai tout donné et parfois en sachant que ça n’aura pas servi.


Juste un exemple : S, une petite bonne femme, la cinquantaine. Depuis que j’ai commencé ce boulot, je la vois au moins une fois par semaine, si ce n’est 2. Son truc, c’est de faire des soustractions et des additions, des maths niveau CP-CE1. Depuis le mois de mai, chaque semaine, j’explique à S comment on compte, je lui montre comment on fait une addition, une soustraction. Elle ne peut même pas retenir les chiffres sans les écrire dans son cahier, elle ne peut pas faire 3-1 sans dessiner ses buchettes, elle ne comprend pas quelle opération il faut faire pour passer de 5 à 7 et écrire les nombres qui suivent, je ne parle même pas pour aller de 60 à 50. Et chaque semaine je lui réexplique, je lui remontre les tables d’addition, je lui fais redessiner des buchettes et elle est contente. Pourtant je sais que la semaine prochaine elle aura tout oublié, elle ne saura pas que 72 ce n’est pas 112 mais elle voudra encore compter, faire des opérations… Quand je quitte S, je suis fatiguée, je sais que ce que je lui ai expliqué est déjà parti mais je suis quand même satisfaite parce qu’elle a été contente, parce que pendant quelques exercices elle a réussi à compter, additionner, soustraire. Je sais que mes collègues s’énervent face à S, je l’ai vu hier où nous étions 2 sur le groupe. Mais ça ne sert à rien, ça ne rentre pas plus dans sa tête. Je pourrais me dire que c’est vain, me dire que ça ne sert à rien de lui répéter mais je continue parce que je donne tout ce que je peux, en espérant qu’un jour une connexion se fasse et que la semaine d’après S se souvienne comment on fait 56+20. Au fond ça ne sert à rien, je ferais mieux de lui apprendre à utiliser une calculatrice mais elle aime ça… Et des S, il y en a plusieurs, en orthographe, en lecture, en écriture… Chacun leurs petits trucs que le cerveau ne veut pas imprimer.


Mais tant pis, je continue, je change de méthode, je m’adapte en sachant que tout ça est vain, tant que ça leur fait plaisir, tant qu’ils ont envie c’est que ce n’est pas si rien.


Tout ça pour dire que je n’attends rien en retour, de leur part je veux dire, si je le fais c’est aussi pour moi, pour avoir le contentement qu’ils aient eu un moment de satisfaction.

 

 

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